quinta-feira, janeiro 21, 2010

(Je vis un arbre)




Je vis un arbre dans un oiseau. Celui-ci le réfléchissait tout entier et
une brise infiniment légère en assouplissait seulement l’extrême bord des feuilles.
L’oiseau était immobile et grave.
C’était un matin clair, sans soleil, un matin qui ne dévoile rien encore
de la journée à venir, ou très peu. Moi aussi, j’étais calme. L’oiseau
et moi, nous nous entendions, mais à distance, comme il convient à des
êtres d’espèce animale, ayant eu, sans retour possible, une évolution
parfaitement divergente.

Henri Michaux

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